faire le point
mm
Bonjour,
depuis deux ans a commencé pour moi une énorme remise en question, un changement de point de vue concernant certains des aspects les plus importants de ma vie.
J'ai déjà essayé de raconter ce parcours dans un autre post, mais je n'y suis pas arrivé, me noyant dans les détails. Je l'ai supprimé.
Je remercie akouma pour ses conseils. Je lis "prendre soin de l'enfant intérieur" de Thich Nhat Hanh.
Je recommence, plus froidement et synthétiquement mon récit.
Il y a deux ans mon épouse s'est effondrée en m'annonçant qu'elle m'avait trompé et qu'il fallait que je la mette dehors.
Je lui ai dit qu'elle était chez elle, je lui ai demandé de me raconter ce qui s'était passé en détail. Elle avait flirté avec une connaissance, meilleur ami de mon supérieur hiérarchique. J'ai compris qu'il y avait des "bizarreries" tandis qu'elle me racontait, j'étais mal à l'aise avec le comportement de cette connaissance qu'elle me rapportait, pas seulement en colère ou jaloux. J'ai demandé a voir tous les messages échangés, sms, emails, relevés téléphoniques, j'ai mené une enquête. Cela a augmenté mon trouble.
J'ai appelé la personne avec qui elle me disait avoir flirté pour avoir son point de vue sur la relation, j'ai enregistré cette conversation sans trop savoir pourquoi, ma méfiance était forte.
Bouleversé par l'infidélité de mon épouse, que j'aime depuis 25 ans, avec qui j'ai deux grands enfants, j'ai entamé une psychothérapie.
Mon épouse aussi de son coté.
Rapidement elle a fait un parallèle avec ce qu'elle racontait jusqu'alors comme son premier flirt, dont elle gardait les lettres d'amour et ce qui venait de se passer.
Elle a compris avec ses thérapeutes que cette très ancienne relation c'était l'agression et l'emprise d'un pervers pédophile. Elle avait 12 ans, lui 21, ce qu'elle n'avait jamais dit, bien sûr. Les lettres, qu'elle voyait encore avec ses yeux de petite fille "amoureuse" étaient pour moi terrorisantes.
A l'extérieur du travail j'ai discuté avec mon supérieur que je savais au courant pour lui dire que moi aussi je savais désormais que mon épouse avait eu une relation extra conjugale. Au travail, malgré mes demandes pour qu'il se taise, mon supérieur ne cessait de me parler d'exemples de femmes qui avaient fait souffrir leur mari, combien les femmes faisaient souffrir les hommes. Je vous passe les détails de son comportement que j'ai rapporté le plus précisément possible à mes psychothérapeutes (psychiatre et psychologue). Mes psychothérapeutes m'ont dit qu'il y avait un problème, que je devais lui demander de se taire plus fermement.
Entretemps ils m'avaient interrogé sur mon enfance et mon adolescence. A partir de ce que j'ai raconté, ils m'ont rapidement affirmé que mon père adoptif (je suis "né sous x")
avait été pervers et sadique avec moi. A l'age de 19 ans j'ai fait une première psychothérapie à la suite d'un tentative de suicide (réussie, si je vous écris c'est que j'ai été réanimé) mais cette psychothérapie ne m'avait pas permis de comprendre cela. Il faut dire que c'est mon père qui avait choisi le psychiatre qu'il connaissait et que cette psychothérapie s'est interrompue au moment où j'ai révélé certains secrets. Aujourd'hui je me demande comment j'ai pu être aveugle pendant si longtemps.
J'ai 45 ans et lorsque je revois, avec beaucoup d'appréhension, mon père, c'est d'une telle évidence qu'à chaque instant son comportement est toxique !
Raconter son comportement reviendrais à raconter des milliers et des milliers d'actions culpabilisantes, dévalorisantes, humiliantes : destructrices.
Mais, parmi mes principaux problèmes il en une particulièrement vive pour moi encore : enfant il prétextait aller chercher le pain ou faire je ne sais quelle course avec moi et m'emmenait voir ses maitresses. Dans la voiture il déversait sa haine de ma mère (adoptive) sur moi puis au retour me demandait de la respecter.
Au fil des mois et des séances de psychothérapie, mon épouse a compris (et moi aussi de mon coté par une voie différente) que ce qu'elle venait de vivre était une agression, commise avec perversité. Le souvenir du flirt se transformait en souvenirs cauchemardesques.
Pour reconstruire mon histoire, j'ai entamé les démarches pour retrouver ma "mère de naissance" (c'est le terme officiel, que je trouve très laid).
Une première étape a été d'accéder à mon dossier d'adoption, où j'ai découvert que j'avais un frère. Il y était indiqué que ma mère m'avait donné à l'adoption par manque de ressources et que mon père était inconnu. Fait inhabituel j'avais été confié à une nounou pendant un an et emmené du jour au lendemain chez mes parents adoptifs.
J'ai recontacté ce souvenir complètement émotionnel, très vague, mais présent et réel de mon amour pour ma nounou, de son amour je crois et la déchirure du départ soudain.
J'ai eu envie et j'ai essayé de la recontacter mais elle était décédée.
Tandis que ma parole se libérait ainsi que celle de mon épouse, notre fille nous a dit qu'elle était harcelée au collège. C'était grave, avec des agressions physiques
et psychologiques importantes. Nous avons du la changer de collège. Nous avons compris que nous lui avions transmis, en moins grave, ce manque de confiance et d'agressivité dont nous découvrions l'ampleur en nous. Une psychologue l'a aidée aussi.
Alors qu'il continuait ses insinuations, j'ai appris que mon supérieur répandait des rumeurs sur l'infidélité de mon épouse, prétendant que ce n'était pas la première fois, etc.
Mes psychothérapeutes m'ont affirmé explicitement que j'avais affaire, avec lui et son ami, à un duo de manipulateurs pervers, ce dont j'avais l'intuition mais que je ne pouvais pas m'avouer jusqu'alors. Ils m'ont exhorté à agir "aussi agressivement que nécessaire" pour faire cesser ses actions. J'ai agi. La confrontation a été violente mais utile. Il m'a menacé très sournoisement. Il a cessé, du moins face à moi, ses manoeuvres qui se sont faites plus sournoises, encore plus dissimulées. J'avais toujours fait un parallèle (au delà de la position d'autorité) entre mon supérieur et mon père mais il s'avérait que le parallèle était très étroit. Ce n'était pas un hasard bien sûr. J'ai compris dans ma psychothérapie qu'il n'y a pas beaucoup de hasards.
Demandant à continuer les recherches sur mes origines ma mère de naissance a été retrouvée. Elle n'a pas voulu me parler directement. J'échange des lettres jusqu'à aujourd'hui avec elle. J'ai découvert une veille dame bienveillante, mais inquiète et culpabilisée. Elle ne voulait pas me parler de mes origines, disant que c'était pour me protéger. Elle n'avait parlé de cela qu'à la personne qui joue le role d'intermédiaire dans notre dialogue. Petit à petit nous nous sommes "apprivoisés". Sans raison particulière j'avais l'intuition de violences, je le lui ai dit. J'ai appris que j'étais né d'un viol.
A la demande d'un de mes psychothérapeutes j'ai reconstitué l'histoire de mon père et j'ai compris qu'énormément de souffrances étaient à l'origine de son comportement.
Me retournant sur mon enfance et mon adolescence, je dois ajouter, pour compléter le tableau, quelques faits marquants.
Mon premier amour est une petite fille de six ans, j'ai quatre ans. C'est un amour d'enfants. Elle me prend dans ses bras comme un petit frère.
Un jour elle déménage sans me dire au revoir. Quelques mois plus tard un voisin vient nous annoncer qu'elle est décédée. Elle était malade du cancer, ses parents avaient déménagés pour se rapprocher de l’hôpital.
Ensuite il n'y aura plus que des chagrins jusqu'à ce que je rencontre mon épouse. Je suis petit, mal dans ma peau, gauche, je n'ai aucune confiance en moi,
et pour cause, je ne peux pas aller vers les jeunes filles dont pourtant je suis éperdument amoureux. Chaque tentative est un désastre et les moqueries ajoutent à ma détresse. Je dois paraitre bien ridicule même si, ou peut être parce que, pour moi rien n'est plus important que l'amour et l'affection.
Je sais que des personnes vivent des situations dramatiques bien pires que la mienne.
Il suffit d'imaginer ce que cela peut être de vivre dans un pays en guerre pour le savoir.
Il suffit de lire certains témoignages dans ces forums pour le ressentir et le comprendre.
Mais cela fait tout de même beaucoup de chagrins, d'abandons, de désillusions, de deuils pour un seul homme et surtout pour l'enfant en moi.
J'ai entamé cette psychothérapie et cela m'aide. En parallèle j'ai fait des séances d'EMDR qui m'aident à revisiter certains souvenirs.
Sur les conseils d'un de mes psychothérapeutes, je vais bientôt m'initier à la méditation pleine conscience.
J'ai conscience d'être le seul responsable, aujourd'hui, de mon bien être à venir.
Pour l'instant je suis plutôt triste et en colère qu'heureux. Mais j'apprécie le vent sur mon visage ou le dessin d'une branche d'arbre.
Je me sens perdu dans un monde qui me semble dur, violent. Inhumain.
Malgré que je comprenne que cette perversité à laquelle j'ai été confronté, à laquelle je suis confronté, c'est aussi le coeur de l'humain.
Il me faut accepter beaucoup de choses douloureuses pour moi sans pour autant devenir insensible.
J'ai l'impression d'être une midinette au bal avec un troupeau de loups assoifés de sang.
Je me sens seul même si je suis soutenu et aimé par mon épouse. J'essaie de l'aimer et la soutenir aussi du mieux que je le peux.
C'est quoi toutes ces embuches dans ma vie ?
J'ai pensé : "qu'ai je fait de mal dans mes vies antérieures pour mériter ça ?".
J'ai compris que les fantômes qui étaient en moi m'avaient été transmis par les êtres que j'avais côtoyé, que c'était une transmission et un héritage.
Je ne sais pas trop quoi en faire de bien.
Je rêve que l'on m'aime pour ce que je suis. Qu'on me désire tel quel. Je rêve de repos et de tendresse, de bienveillance.
Lorsque je lis partout qu'il faut d'abord s'aimer pour pouvoir aimer quelqu'un d'autre cela me désespère.
Je culpabilise à la fois d'aimer mal et de ne pas pouvoir m'aimer vraiment.
Depuis deux ans ma vision de ma vie, de mon histoire a radicalement changée :
- Ma mère adoptive, soumise à un être destructeur, m'a donné de l'amour ce dont je la remercie du fond du coeur mais ma famille adoptive que je pensais bienveillante se révèle toxique. Je pensais avoir eu de la chance, mais c'était plutôt pas de bol.
- Mon épouse, que j'aime et pour qui j'ai du désir m'a trahi, même si c'est dans des circonstances dramatiques et pour des raisons que je pense comprendre,
c'est pour moi très difficile parce que malheureusement ma confiance en moi dépendait beaucoup trop de la confiance que j'avais placé en elle et de sa loyauté.
J'étais et je reste malgré mes efforts dans une trop grande dépendance affective vis à vis d'elle. Ce n'est bon ni pour moi ni pour elle, mais comment faire ?
- Je sais maintenant que je suis né d'une violence ignoble, même si ce n'est pas à moi qu'on a fait cette violence mais à ma mère, même si je ne suis pas cette violence,
j'ai honte (parce que c'est grace a cette violence que j'existe) tout autant que je suis en colère contre tous les agresseurs, ces êtres en souffrance mais malfaisants.
- Au travail je suis anxieux parce qu'un voile s'est levé sur les agissements pervers, les coups tordus et sournois de la personne dont dépend mon gagne pain, même si je suis fonctionnaire cela rend une partie de ma vie pénible alors qu'elle était une joie. J'ai honte d'être hypocrite, de ne pas pouvoir dénoncer ce qu'il se passe et que je vois clairement maintenant. Mes psychothérapeutes me disent "attention, d'une part c'est inutile de le confronter à ses responsabilités parce que ça ne le fera pas changer et vous ne pouvez même pas vous imaginer dans ce cas ce dont il est capable". Je comprends cela mais ça me fait ressentir face à lui comme le petit garçon que j'étais face à mon père : piégé et faible. J'essaie de l'éviter sans me sentir lâche, juste prudent.
Dans mon histoire, il y a beaucoup de violences faites aux femmes par des hommes, j'ai honte d'être un homme, je voudrais pouvoir dire que je suis différent,
et être reconnu pour cela. C'est compliqué parce que, contradictoirement et en même temps, j'aimerai être aimé et désiré par "les femmes", et donc pouvoir me sentir viril et désirable. C'est ma contradiction. Comment la résoudre ou la diminuer ?
J'ai essayé, consciemment et inconsciemment, de me définir au contraire de mon père adoptif (ce qui est une forme de loyauté) pour être fier de moi,
pensant que cette position que je pensais respectueuse me permettrait d'accéder à l'amour et au désir de l'autre, dans une forme de réciprocité, de dialogue et de relation vraie, sincère. Cela m'a emmené à être trop figé.
Même si je sais qu'il ne s'agit pas exactement de cela, ce qui s'est passé entre mon épouse et cet homme à la suite de cette agression est comme un démenti à cette croyance. Je comprend qu'il ne fallait rien attendre du don d'amour, que ma position était égoïste et dangereuse, mais comment faire pour s'aimer
si les êtres se dérobent à l'amour qu'on leur porte ?
J'ai un énorme problème de confiance en moi. Je me sens ridicule, nul, pathétique, faible, indésirable.
J'ai l'impression de ne rien comprendre à rien, rien aux relations humaines, au désir, aux femmes.
A cause de mon manque d'expériences amoureuses, de ma taille, ah oui, j'ai oublié de dire que je n'avais pas tiré les bons numéros à la loterie génétique, je mesure 1m60, ce qui n'arrange rien à tout ce bazar, comment me sentir bien dans ce corps et cette vie hors norme ?
J'oscille entre le désir de quitter mon épouse pour vivre "des aventures" et mon amour, ma compassion et ma loyauté envers elle.
Je crois qu'il s'agit entre autres de l'illusion de pouvoir vivre ce que je n'ai pas pu vivre adolescent mais cela n'a aucun sens.
C'est aussi un désir auto destructeur. Je crois comprendre d'où il provient, reste à le faire taire.
Je dois abandonner ce qui m’embarrasse et m'empêche de vivre au présent.
J'ai à apprendre à vivre avec ce manque, ce déséquilibre, ces désirs contradictoires.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je poste cela dans un forum, parce que personne d'autre que moi ne pourra avoir de réponse à mes questions, mais si vous m'avez lu jusque là je vous remercie du temps que vous avez consacré à me lire, votre attention me réconforte et bien sûr vos messages sont les bienvenus.
Prenez soin de vous et de ceux que vous aimez.
depuis deux ans a commencé pour moi une énorme remise en question, un changement de point de vue concernant certains des aspects les plus importants de ma vie.
J'ai déjà essayé de raconter ce parcours dans un autre post, mais je n'y suis pas arrivé, me noyant dans les détails. Je l'ai supprimé.
Je remercie akouma pour ses conseils. Je lis "prendre soin de l'enfant intérieur" de Thich Nhat Hanh.
Je recommence, plus froidement et synthétiquement mon récit.
Il y a deux ans mon épouse s'est effondrée en m'annonçant qu'elle m'avait trompé et qu'il fallait que je la mette dehors.
Je lui ai dit qu'elle était chez elle, je lui ai demandé de me raconter ce qui s'était passé en détail. Elle avait flirté avec une connaissance, meilleur ami de mon supérieur hiérarchique. J'ai compris qu'il y avait des "bizarreries" tandis qu'elle me racontait, j'étais mal à l'aise avec le comportement de cette connaissance qu'elle me rapportait, pas seulement en colère ou jaloux. J'ai demandé a voir tous les messages échangés, sms, emails, relevés téléphoniques, j'ai mené une enquête. Cela a augmenté mon trouble.
J'ai appelé la personne avec qui elle me disait avoir flirté pour avoir son point de vue sur la relation, j'ai enregistré cette conversation sans trop savoir pourquoi, ma méfiance était forte.
Bouleversé par l'infidélité de mon épouse, que j'aime depuis 25 ans, avec qui j'ai deux grands enfants, j'ai entamé une psychothérapie.
Mon épouse aussi de son coté.
Rapidement elle a fait un parallèle avec ce qu'elle racontait jusqu'alors comme son premier flirt, dont elle gardait les lettres d'amour et ce qui venait de se passer.
Elle a compris avec ses thérapeutes que cette très ancienne relation c'était l'agression et l'emprise d'un pervers pédophile. Elle avait 12 ans, lui 21, ce qu'elle n'avait jamais dit, bien sûr. Les lettres, qu'elle voyait encore avec ses yeux de petite fille "amoureuse" étaient pour moi terrorisantes.
A l'extérieur du travail j'ai discuté avec mon supérieur que je savais au courant pour lui dire que moi aussi je savais désormais que mon épouse avait eu une relation extra conjugale. Au travail, malgré mes demandes pour qu'il se taise, mon supérieur ne cessait de me parler d'exemples de femmes qui avaient fait souffrir leur mari, combien les femmes faisaient souffrir les hommes. Je vous passe les détails de son comportement que j'ai rapporté le plus précisément possible à mes psychothérapeutes (psychiatre et psychologue). Mes psychothérapeutes m'ont dit qu'il y avait un problème, que je devais lui demander de se taire plus fermement.
Entretemps ils m'avaient interrogé sur mon enfance et mon adolescence. A partir de ce que j'ai raconté, ils m'ont rapidement affirmé que mon père adoptif (je suis "né sous x")
avait été pervers et sadique avec moi. A l'age de 19 ans j'ai fait une première psychothérapie à la suite d'un tentative de suicide (réussie, si je vous écris c'est que j'ai été réanimé) mais cette psychothérapie ne m'avait pas permis de comprendre cela. Il faut dire que c'est mon père qui avait choisi le psychiatre qu'il connaissait et que cette psychothérapie s'est interrompue au moment où j'ai révélé certains secrets. Aujourd'hui je me demande comment j'ai pu être aveugle pendant si longtemps.
J'ai 45 ans et lorsque je revois, avec beaucoup d'appréhension, mon père, c'est d'une telle évidence qu'à chaque instant son comportement est toxique !
Raconter son comportement reviendrais à raconter des milliers et des milliers d'actions culpabilisantes, dévalorisantes, humiliantes : destructrices.
Mais, parmi mes principaux problèmes il en une particulièrement vive pour moi encore : enfant il prétextait aller chercher le pain ou faire je ne sais quelle course avec moi et m'emmenait voir ses maitresses. Dans la voiture il déversait sa haine de ma mère (adoptive) sur moi puis au retour me demandait de la respecter.
Au fil des mois et des séances de psychothérapie, mon épouse a compris (et moi aussi de mon coté par une voie différente) que ce qu'elle venait de vivre était une agression, commise avec perversité. Le souvenir du flirt se transformait en souvenirs cauchemardesques.
Pour reconstruire mon histoire, j'ai entamé les démarches pour retrouver ma "mère de naissance" (c'est le terme officiel, que je trouve très laid).
Une première étape a été d'accéder à mon dossier d'adoption, où j'ai découvert que j'avais un frère. Il y était indiqué que ma mère m'avait donné à l'adoption par manque de ressources et que mon père était inconnu. Fait inhabituel j'avais été confié à une nounou pendant un an et emmené du jour au lendemain chez mes parents adoptifs.
J'ai recontacté ce souvenir complètement émotionnel, très vague, mais présent et réel de mon amour pour ma nounou, de son amour je crois et la déchirure du départ soudain.
J'ai eu envie et j'ai essayé de la recontacter mais elle était décédée.
Tandis que ma parole se libérait ainsi que celle de mon épouse, notre fille nous a dit qu'elle était harcelée au collège. C'était grave, avec des agressions physiques
et psychologiques importantes. Nous avons du la changer de collège. Nous avons compris que nous lui avions transmis, en moins grave, ce manque de confiance et d'agressivité dont nous découvrions l'ampleur en nous. Une psychologue l'a aidée aussi.
Alors qu'il continuait ses insinuations, j'ai appris que mon supérieur répandait des rumeurs sur l'infidélité de mon épouse, prétendant que ce n'était pas la première fois, etc.
Mes psychothérapeutes m'ont affirmé explicitement que j'avais affaire, avec lui et son ami, à un duo de manipulateurs pervers, ce dont j'avais l'intuition mais que je ne pouvais pas m'avouer jusqu'alors. Ils m'ont exhorté à agir "aussi agressivement que nécessaire" pour faire cesser ses actions. J'ai agi. La confrontation a été violente mais utile. Il m'a menacé très sournoisement. Il a cessé, du moins face à moi, ses manoeuvres qui se sont faites plus sournoises, encore plus dissimulées. J'avais toujours fait un parallèle (au delà de la position d'autorité) entre mon supérieur et mon père mais il s'avérait que le parallèle était très étroit. Ce n'était pas un hasard bien sûr. J'ai compris dans ma psychothérapie qu'il n'y a pas beaucoup de hasards.
Demandant à continuer les recherches sur mes origines ma mère de naissance a été retrouvée. Elle n'a pas voulu me parler directement. J'échange des lettres jusqu'à aujourd'hui avec elle. J'ai découvert une veille dame bienveillante, mais inquiète et culpabilisée. Elle ne voulait pas me parler de mes origines, disant que c'était pour me protéger. Elle n'avait parlé de cela qu'à la personne qui joue le role d'intermédiaire dans notre dialogue. Petit à petit nous nous sommes "apprivoisés". Sans raison particulière j'avais l'intuition de violences, je le lui ai dit. J'ai appris que j'étais né d'un viol.
A la demande d'un de mes psychothérapeutes j'ai reconstitué l'histoire de mon père et j'ai compris qu'énormément de souffrances étaient à l'origine de son comportement.
Me retournant sur mon enfance et mon adolescence, je dois ajouter, pour compléter le tableau, quelques faits marquants.
Mon premier amour est une petite fille de six ans, j'ai quatre ans. C'est un amour d'enfants. Elle me prend dans ses bras comme un petit frère.
Un jour elle déménage sans me dire au revoir. Quelques mois plus tard un voisin vient nous annoncer qu'elle est décédée. Elle était malade du cancer, ses parents avaient déménagés pour se rapprocher de l’hôpital.
Ensuite il n'y aura plus que des chagrins jusqu'à ce que je rencontre mon épouse. Je suis petit, mal dans ma peau, gauche, je n'ai aucune confiance en moi,
et pour cause, je ne peux pas aller vers les jeunes filles dont pourtant je suis éperdument amoureux. Chaque tentative est un désastre et les moqueries ajoutent à ma détresse. Je dois paraitre bien ridicule même si, ou peut être parce que, pour moi rien n'est plus important que l'amour et l'affection.
Je sais que des personnes vivent des situations dramatiques bien pires que la mienne.
Il suffit d'imaginer ce que cela peut être de vivre dans un pays en guerre pour le savoir.
Il suffit de lire certains témoignages dans ces forums pour le ressentir et le comprendre.
Mais cela fait tout de même beaucoup de chagrins, d'abandons, de désillusions, de deuils pour un seul homme et surtout pour l'enfant en moi.
J'ai entamé cette psychothérapie et cela m'aide. En parallèle j'ai fait des séances d'EMDR qui m'aident à revisiter certains souvenirs.
Sur les conseils d'un de mes psychothérapeutes, je vais bientôt m'initier à la méditation pleine conscience.
J'ai conscience d'être le seul responsable, aujourd'hui, de mon bien être à venir.
Pour l'instant je suis plutôt triste et en colère qu'heureux. Mais j'apprécie le vent sur mon visage ou le dessin d'une branche d'arbre.
Je me sens perdu dans un monde qui me semble dur, violent. Inhumain.
Malgré que je comprenne que cette perversité à laquelle j'ai été confronté, à laquelle je suis confronté, c'est aussi le coeur de l'humain.
Il me faut accepter beaucoup de choses douloureuses pour moi sans pour autant devenir insensible.
J'ai l'impression d'être une midinette au bal avec un troupeau de loups assoifés de sang.
Je me sens seul même si je suis soutenu et aimé par mon épouse. J'essaie de l'aimer et la soutenir aussi du mieux que je le peux.
C'est quoi toutes ces embuches dans ma vie ?
J'ai pensé : "qu'ai je fait de mal dans mes vies antérieures pour mériter ça ?".
J'ai compris que les fantômes qui étaient en moi m'avaient été transmis par les êtres que j'avais côtoyé, que c'était une transmission et un héritage.
Je ne sais pas trop quoi en faire de bien.
Je rêve que l'on m'aime pour ce que je suis. Qu'on me désire tel quel. Je rêve de repos et de tendresse, de bienveillance.
Lorsque je lis partout qu'il faut d'abord s'aimer pour pouvoir aimer quelqu'un d'autre cela me désespère.
Je culpabilise à la fois d'aimer mal et de ne pas pouvoir m'aimer vraiment.
Depuis deux ans ma vision de ma vie, de mon histoire a radicalement changée :
- Ma mère adoptive, soumise à un être destructeur, m'a donné de l'amour ce dont je la remercie du fond du coeur mais ma famille adoptive que je pensais bienveillante se révèle toxique. Je pensais avoir eu de la chance, mais c'était plutôt pas de bol.
- Mon épouse, que j'aime et pour qui j'ai du désir m'a trahi, même si c'est dans des circonstances dramatiques et pour des raisons que je pense comprendre,
c'est pour moi très difficile parce que malheureusement ma confiance en moi dépendait beaucoup trop de la confiance que j'avais placé en elle et de sa loyauté.
J'étais et je reste malgré mes efforts dans une trop grande dépendance affective vis à vis d'elle. Ce n'est bon ni pour moi ni pour elle, mais comment faire ?
- Je sais maintenant que je suis né d'une violence ignoble, même si ce n'est pas à moi qu'on a fait cette violence mais à ma mère, même si je ne suis pas cette violence,
j'ai honte (parce que c'est grace a cette violence que j'existe) tout autant que je suis en colère contre tous les agresseurs, ces êtres en souffrance mais malfaisants.
- Au travail je suis anxieux parce qu'un voile s'est levé sur les agissements pervers, les coups tordus et sournois de la personne dont dépend mon gagne pain, même si je suis fonctionnaire cela rend une partie de ma vie pénible alors qu'elle était une joie. J'ai honte d'être hypocrite, de ne pas pouvoir dénoncer ce qu'il se passe et que je vois clairement maintenant. Mes psychothérapeutes me disent "attention, d'une part c'est inutile de le confronter à ses responsabilités parce que ça ne le fera pas changer et vous ne pouvez même pas vous imaginer dans ce cas ce dont il est capable". Je comprends cela mais ça me fait ressentir face à lui comme le petit garçon que j'étais face à mon père : piégé et faible. J'essaie de l'éviter sans me sentir lâche, juste prudent.
Dans mon histoire, il y a beaucoup de violences faites aux femmes par des hommes, j'ai honte d'être un homme, je voudrais pouvoir dire que je suis différent,
et être reconnu pour cela. C'est compliqué parce que, contradictoirement et en même temps, j'aimerai être aimé et désiré par "les femmes", et donc pouvoir me sentir viril et désirable. C'est ma contradiction. Comment la résoudre ou la diminuer ?
J'ai essayé, consciemment et inconsciemment, de me définir au contraire de mon père adoptif (ce qui est une forme de loyauté) pour être fier de moi,
pensant que cette position que je pensais respectueuse me permettrait d'accéder à l'amour et au désir de l'autre, dans une forme de réciprocité, de dialogue et de relation vraie, sincère. Cela m'a emmené à être trop figé.
Même si je sais qu'il ne s'agit pas exactement de cela, ce qui s'est passé entre mon épouse et cet homme à la suite de cette agression est comme un démenti à cette croyance. Je comprend qu'il ne fallait rien attendre du don d'amour, que ma position était égoïste et dangereuse, mais comment faire pour s'aimer
si les êtres se dérobent à l'amour qu'on leur porte ?
J'ai un énorme problème de confiance en moi. Je me sens ridicule, nul, pathétique, faible, indésirable.
J'ai l'impression de ne rien comprendre à rien, rien aux relations humaines, au désir, aux femmes.
A cause de mon manque d'expériences amoureuses, de ma taille, ah oui, j'ai oublié de dire que je n'avais pas tiré les bons numéros à la loterie génétique, je mesure 1m60, ce qui n'arrange rien à tout ce bazar, comment me sentir bien dans ce corps et cette vie hors norme ?
J'oscille entre le désir de quitter mon épouse pour vivre "des aventures" et mon amour, ma compassion et ma loyauté envers elle.
Je crois qu'il s'agit entre autres de l'illusion de pouvoir vivre ce que je n'ai pas pu vivre adolescent mais cela n'a aucun sens.
C'est aussi un désir auto destructeur. Je crois comprendre d'où il provient, reste à le faire taire.
Je dois abandonner ce qui m’embarrasse et m'empêche de vivre au présent.
J'ai à apprendre à vivre avec ce manque, ce déséquilibre, ces désirs contradictoires.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je poste cela dans un forum, parce que personne d'autre que moi ne pourra avoir de réponse à mes questions, mais si vous m'avez lu jusque là je vous remercie du temps que vous avez consacré à me lire, votre attention me réconforte et bien sûr vos messages sont les bienvenus.
Prenez soin de vous et de ceux que vous aimez.
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