J'aimerais tant qu'on m'oublie.
Salut, 
Je lis en ce moment la biographie d'Albert Speer, et j'y ai trouvé un passage qui m'a interpellé, tellement cela correspond à ce que je ressens en ce moment. Je ne résiste pas à l'envie de le citer ici :
"Vers la même époque, il avait lu quelque part une formule qui l'avait frappé : "le bonheur d'oublier". Cependant, précisait-il avec ce ton de repentir qui semblait être devenu une sorte d'automatisme chez lui, cela ne pouvait s'appliquer à lui. Il commençait cependant à éprouver le "bonheur d'être oublié".
Si vous saviez, chers cousines et cousins, comme j'aimerais qu'on m'oublie. Je suis excédé par moments. Ces comptes qu'on me demande à l'infini, sur des choses que je suis sensé avoir commises mais qui me sont étrangères, qui ne sont pas moi, que je n'aurais commises pour rien au monde ; ces menaces, énoncées dans un langage châtié, codifié, mais qui n'en ont pas moins une portée bien réelle et concrète, et dont la rigueur affleure derrière des formules qui ne sont que des euphémismes ; ce jugement qu'on porte sur moi, sévère, sans la moindre compassion, dénué de toute trace de respect ; cette mise à nu de ma vie intime, étalée sur la place publique ; cette négation de mon statut d'homme, puisque on me ravale au rang de bête malfaisante, de monstre... Cette violation de mon intégrité morale, au prétexte que j'aurais violé, moi, mes enfants.
Par moments, toute personne s'approchant de moi, tout commerce avec autrui sont autant de biais par lesquels le tourment peut recommencer. Je perçois, suivant mon état intérieur, toute rencontre comme étant une source possible de problèmes. Dès qu'on s'approche, je me dis ça y est, que me veut-on encore ? Ma marge de manoeuvre est réduite. Je ne tolère plus rien. Mon capital patience est épuisé.
Comme j'aimerais qu'on m'oublie ! Je voudrais, en ce moment, que tout marche chez moi. Qu'il y fasse bon et chaud, que tout ce qui est sensé fonctionner marche correctement et que, les problèmes d'argent et de technique oubliés, qu'on me laisse tranquille, qu'on cesse de me demander des comptes. Plus de soucis, plus d'embrouilles. Inconnu, oublié, je me sentirais soulagé de cette présence envahissante d'autrui, de cet autrui protéiforme, indéterminé, de cet emmerdeur potentiel qu'est l'autre, qu'il prenne la forme d'un juge, d'un huissier, d'un créancier, d'un gendarme, d'un ceci ou d'un cela.
Je voudrais juste être chez moi, le ventre plein et les pattes au chaud, et ne plus penser qu'à mes oeuvres. Dans le silence, le calme, le bruit du vent et les discrets crépitements des braises dans l'âtre, je voudrais me consacrer à mes projets créatifs, notamment mon envie de sculptures. Surtout, ne plus penser à rien. Débrancher le mental. Etablir un lien privilégié, profondément spirituel, entre l'instant présent, et mon ressenti intérieur. etre centré en moi, conscient, en paix. Couper ces liens si prétendument sérieux, si incontournables, qui nous enchaînent au rêve exprimé par la majorité de ceux qui nous enferment dans leur vision des choses. Me recentrer sur moi, sur ma signification, ma place dans ce monde. Non pas la siginification ou la place qu'on m'a attribuée, désignée, forcé à endosser : le violeur pédophile, le bonhomme sur lequel subsistera toujours un doute, dont certains diront qu'il n'est pas clair, que forcément il a du faire quelque chose, même si on n'a jamais pu le prouver, etc. Je voudrais qu'on me restitue la seule dimension qui m'intéresse et qui soit vraie : ma part divine, créatrice, reliée au monde mystérieux des signes et des symboles que j'essaie de créer à travers l'art. Mes statuettes. Je n'ai envie que de ça. Qu'on me foute la paix. Qu'on m'oublie. Je crois que je serais heureux si je pouvais, juste comme ça, dans mon coin, créer ce dont je suis porteur. Juste par nécessité intérieure, sans me demander si ça plairait ou pas. Parce que j'ai besoin de le faire. Créer, créer, tant et plus, à travers la musique, les arts plastiques, l'écriture aussi, peut-être. Mais qu'on m'oublie, qu'on me foute la paix. Je voudrais m'enfermer et me recueillir, faire silence, me concentrer à bloc sur ça, ne plus penser à rien d'autre. Porter ma concentration à l'incandescence. Refuser une fois pour toutes de fonctionner sur les registres qu'on m'impose, ce fonctionnement paranoïaque propre à tous ceux qui, embarqués dans des luttes judicaires, doivent peser tout ce qu'ils disent, tout triturer dans tous les sens, prévoir leur stratégie dans les moindres détails. Je voudrais retrouver l'innocence de l'enfant qui crée, qui ne se pose pas de questions, qui est dans l'immédiat, dans l'instant. Cette pureté, cette authenticité spontanée, j'en ai envie. Je voudrais ne plus avoir à gérer des choses difficiles mais surtout inintéressantes. Certes, elles me concernent, mais elles ne m'intéressent pas. Si on ne me menaçait pas de détruire ma vie, de la réduire à une sorte d'enfer de la survivance, je n'aurais pas une seconde envie de m'intéresser à tout ça. Je serais dans la musique, les arts plastiques, la littérature, certainement pas dans les avocats, les procédures pénales et tout ce bintz dont personne n'est dupe de toutes façons, puisque en dernier ressort c'est l'intime conviction qui prévaut, donc, en réalite, l'arbitraire, l'humeur, les croyances, les effets d'attente, les représentations... tout sauf la vérité, dont tout le monde se fout ou presque.
On me médiocrise. On me fait fonctionner sur un mode défensif, sur la peur, l'angoisse, l'attaque et la défense. Cela n'a pas d'intérêt. Ce n'est que la part de moi la plus méprisable. Je peux être tout autre chose. J'ai envie d'être cet autre moi auquel on me refuse l'accès. Qu'on me laisse en paix, que je puisse enfin donner libre cours à cette part de moi créatrice, supérieure, divine, qui ne demande qu'à se développer. Pour l'instant, c'est l'angoisse qui domine et m'amoindrit.
Je ne sais pas si ce que je dis est très clair. Mais je le ressens fortement. On asphyxie ma part divine, on l'étouffe sous trois tonnes de pensées médiocres, nées de l'angoisse, du chagrin, du ressentiment, de la pression et de l'injustice.
A vous lire,
Ubik.
Je lis en ce moment la biographie d'Albert Speer, et j'y ai trouvé un passage qui m'a interpellé, tellement cela correspond à ce que je ressens en ce moment. Je ne résiste pas à l'envie de le citer ici :
"Vers la même époque, il avait lu quelque part une formule qui l'avait frappé : "le bonheur d'oublier". Cependant, précisait-il avec ce ton de repentir qui semblait être devenu une sorte d'automatisme chez lui, cela ne pouvait s'appliquer à lui. Il commençait cependant à éprouver le "bonheur d'être oublié".
Si vous saviez, chers cousines et cousins, comme j'aimerais qu'on m'oublie. Je suis excédé par moments. Ces comptes qu'on me demande à l'infini, sur des choses que je suis sensé avoir commises mais qui me sont étrangères, qui ne sont pas moi, que je n'aurais commises pour rien au monde ; ces menaces, énoncées dans un langage châtié, codifié, mais qui n'en ont pas moins une portée bien réelle et concrète, et dont la rigueur affleure derrière des formules qui ne sont que des euphémismes ; ce jugement qu'on porte sur moi, sévère, sans la moindre compassion, dénué de toute trace de respect ; cette mise à nu de ma vie intime, étalée sur la place publique ; cette négation de mon statut d'homme, puisque on me ravale au rang de bête malfaisante, de monstre... Cette violation de mon intégrité morale, au prétexte que j'aurais violé, moi, mes enfants.
Par moments, toute personne s'approchant de moi, tout commerce avec autrui sont autant de biais par lesquels le tourment peut recommencer. Je perçois, suivant mon état intérieur, toute rencontre comme étant une source possible de problèmes. Dès qu'on s'approche, je me dis ça y est, que me veut-on encore ? Ma marge de manoeuvre est réduite. Je ne tolère plus rien. Mon capital patience est épuisé.
Comme j'aimerais qu'on m'oublie ! Je voudrais, en ce moment, que tout marche chez moi. Qu'il y fasse bon et chaud, que tout ce qui est sensé fonctionner marche correctement et que, les problèmes d'argent et de technique oubliés, qu'on me laisse tranquille, qu'on cesse de me demander des comptes. Plus de soucis, plus d'embrouilles. Inconnu, oublié, je me sentirais soulagé de cette présence envahissante d'autrui, de cet autrui protéiforme, indéterminé, de cet emmerdeur potentiel qu'est l'autre, qu'il prenne la forme d'un juge, d'un huissier, d'un créancier, d'un gendarme, d'un ceci ou d'un cela.
Je voudrais juste être chez moi, le ventre plein et les pattes au chaud, et ne plus penser qu'à mes oeuvres. Dans le silence, le calme, le bruit du vent et les discrets crépitements des braises dans l'âtre, je voudrais me consacrer à mes projets créatifs, notamment mon envie de sculptures. Surtout, ne plus penser à rien. Débrancher le mental. Etablir un lien privilégié, profondément spirituel, entre l'instant présent, et mon ressenti intérieur. etre centré en moi, conscient, en paix. Couper ces liens si prétendument sérieux, si incontournables, qui nous enchaînent au rêve exprimé par la majorité de ceux qui nous enferment dans leur vision des choses. Me recentrer sur moi, sur ma signification, ma place dans ce monde. Non pas la siginification ou la place qu'on m'a attribuée, désignée, forcé à endosser : le violeur pédophile, le bonhomme sur lequel subsistera toujours un doute, dont certains diront qu'il n'est pas clair, que forcément il a du faire quelque chose, même si on n'a jamais pu le prouver, etc. Je voudrais qu'on me restitue la seule dimension qui m'intéresse et qui soit vraie : ma part divine, créatrice, reliée au monde mystérieux des signes et des symboles que j'essaie de créer à travers l'art. Mes statuettes. Je n'ai envie que de ça. Qu'on me foute la paix. Qu'on m'oublie. Je crois que je serais heureux si je pouvais, juste comme ça, dans mon coin, créer ce dont je suis porteur. Juste par nécessité intérieure, sans me demander si ça plairait ou pas. Parce que j'ai besoin de le faire. Créer, créer, tant et plus, à travers la musique, les arts plastiques, l'écriture aussi, peut-être. Mais qu'on m'oublie, qu'on me foute la paix. Je voudrais m'enfermer et me recueillir, faire silence, me concentrer à bloc sur ça, ne plus penser à rien d'autre. Porter ma concentration à l'incandescence. Refuser une fois pour toutes de fonctionner sur les registres qu'on m'impose, ce fonctionnement paranoïaque propre à tous ceux qui, embarqués dans des luttes judicaires, doivent peser tout ce qu'ils disent, tout triturer dans tous les sens, prévoir leur stratégie dans les moindres détails. Je voudrais retrouver l'innocence de l'enfant qui crée, qui ne se pose pas de questions, qui est dans l'immédiat, dans l'instant. Cette pureté, cette authenticité spontanée, j'en ai envie. Je voudrais ne plus avoir à gérer des choses difficiles mais surtout inintéressantes. Certes, elles me concernent, mais elles ne m'intéressent pas. Si on ne me menaçait pas de détruire ma vie, de la réduire à une sorte d'enfer de la survivance, je n'aurais pas une seconde envie de m'intéresser à tout ça. Je serais dans la musique, les arts plastiques, la littérature, certainement pas dans les avocats, les procédures pénales et tout ce bintz dont personne n'est dupe de toutes façons, puisque en dernier ressort c'est l'intime conviction qui prévaut, donc, en réalite, l'arbitraire, l'humeur, les croyances, les effets d'attente, les représentations... tout sauf la vérité, dont tout le monde se fout ou presque.
On me médiocrise. On me fait fonctionner sur un mode défensif, sur la peur, l'angoisse, l'attaque et la défense. Cela n'a pas d'intérêt. Ce n'est que la part de moi la plus méprisable. Je peux être tout autre chose. J'ai envie d'être cet autre moi auquel on me refuse l'accès. Qu'on me laisse en paix, que je puisse enfin donner libre cours à cette part de moi créatrice, supérieure, divine, qui ne demande qu'à se développer. Pour l'instant, c'est l'angoisse qui domine et m'amoindrit.
Je ne sais pas si ce que je dis est très clair. Mais je le ressens fortement. On asphyxie ma part divine, on l'étouffe sous trois tonnes de pensées médiocres, nées de l'angoisse, du chagrin, du ressentiment, de la pression et de l'injustice.
A vous lire,
Ubik.
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