Je t'aime et je te quitte

ne
neoreo
le 12/11/2019
Salut tout le monde.

C'est un bout de mon histoire, et je l'ai écrit à la manière d'une histoire.

Ça commence tranquillement, simplement.
C’est une collègue, externe, une nouvelle, elle est arrivée il y a quelques mois, je ne la connais pas encore.
Le matin, je prends toujours le temps de faire le tour des bureaux pour dire bonjour à tout le monde, et quand j’arrive près d’elle, elle se lève, elle se déplace, alors que tous les autres restent statiques. Son enthousiasme, son sourire sont particuliers.
Pour l’instant il n’y a rien, j’apprécie juste de pouvoir profiter de cette énergie, cela me met toujours de bonne humeur.
Et un jour, après ce même bonjour plein d’entrain, je lui dis, simplement: “j’adore ce genre d’enthousiasme, j’aimerais bien déjeuner avec toi, faire connaissance”. Sa réponse est immédiatement “oui”. Un peu plus tard, nous convenons d’une date.
Pour l’instant il n’y a rien, si ce n’est l’anticipation de ce déjeuner en tête à tête, je suis heureux qu’elle ait accepté, il y a déjà des sourires échangés dans l’attente.

Il faut que je précise quelque chose: ce n’est pas la première fois que je propose cela à des collègues du sexe opposé. D’une part parce que je n’ai aucune facilité à discuter avec les hommes: je n’ai jamais réussi à me faire des amis garçons. Dans ma vie, je ne compte que des femmes dans mes relations amicales (et amoureuses, de fait). D’autre part parce que… ah mais je vais en parler après.

Du coup, quand l’occasion se présente, je fais ce que je sais faire: discuter avec des femmes, les faire rire, raconter ma life, écouter la leur… Et si cela s’enchaîne sur des tête à tête, allons-y. Mais nous sommes dans une période difficile, les plaintes pour harcèlement ne sont jamais très loin, et on m’a déjà fait remarquer que je pouvais être un peu lourd dans mes démarches. OK, j’accepte cela, et j’ai présenté mes excuses à celles qui ont dit “non” à mes propositions de déjeuner, sans plus insister. Elles ont toutes répondu “mais non ça va ne t’inquiète pas, on est juste collègues”, manière polie de me dire “ça ne m’intéresse pas” mais aussi “je ne dirai rien”, ça me va.

Il faut que je précise autre chose: je suis marié depuis 10 ans, avec deux beaux enfants. On fait des sorties spectacle, des restos, des cinémas, des voyages. Mais je n’arrive pas à faire en sorte que cela suffise. Il manque quelque chose, depuis des années, ou peut-être depuis le début. C’est peut-être, sans doute, certainement pour cela que je cherche toujours, que j’avance en terres inconnues, pour voir.

Et c’est cette collègue qui a dit “oui”, et le jour du déjeuner arrive enfin. Nous sortons, et en marchant vers le restaurant nous nous découvrons déjà quelques points communs. Le repas se passe bien, et je sens quelque chose, mais je n’arrive pas encore à deviner ce que c’est. Alors que nous revenons au bureau, à plusieurs reprises, j’ai envie de m’arrêter et de l’embrasser, c’est tellement fort, c’est la première fois que je ressens cela (en fait non, mais je ne m’en rappellerai que plus tard). Je m’arrête, elle me demande “qu’est-ce que t’as?”, je réponds n’importe quoi, je ne suis pas sûr de moi, mon corps me dit “embrasse-la”, ma tête me dit “t’es sûr? et après, comment tu gères ta life?” et aussi “oui mais c’est ce que t’attendais non?” et enfin “gaffe au harcèlement mec”, alors je ne fais rien.

L’après-midi, je ne pense qu’à ça évidemment, je lui envoie des messages et elle me répond qu’elle aussi a ressenti quelque chose… “On part ensemble ce soir”? OK, on part ensemble. Et cette fois je n’y tiens plus, nous sommes dans la rue, je m’en fous, je l’attire vers moi et je l’embrasse. Et elle me rend ce baiser, et nous reprenons notre souffle, avançons un peu, et nous cachons un peu plus loin pour continuer. Puis nous prenons le métro, sortons non loin d’un endroit où elle doit retrouver ses amis, trouvons un banc isolé, et les baisers s’enchaînent. C’est fort, c’est une évidence, et quand elle me dit qu’il y a des règles à suivre, que personne ne doit savoir, qu’on doit se protéger, je dis oui, je m’en fous, je suis ailleurs, je suis là où je voulais être depuis longtemps.

Le lendemain, nous nous retrouvons de nouveau discrètement à l’heure du déjeuner, et nous nous éloignons du bureau. Les collègues ne doivent rien savoir, et nous voulons profiter l’un de l’autre… Il y a déjà une envie physique très forte, mais nous n’avons nulle part où nous cacher. Ce ne seront que des baisers prolongés, une fois encore.Nous repartons chacun de notre côté, personne ne nous a vus, personne ne nous verra jamais (enfin presque, mais c’est une autre histoire).

Oui, bien sûr, il y a une suite... Je l'écris au fur et à mesure, au gré de mes souvenirs. Ne jugez pas trop vite, il manque tellement d'éléments! Et pourtant je sais que ça reste une histoire comme les autres.
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