Les "effets pervers" du Smic
...........Ne tapez pas avant d'avoir lu...... $đ ....
Le Smic n'aurait-il pas des effets pervers ? Cette réflexion m'est venue en lisant un échange entre Tashi et Trachytes......Pardon à vous deux........
Le fait d'augmenter rĂ©guliĂšrement le Smic sans augmenter significativement dans les mĂȘmes proportions les autres salaires a un effet dĂ©motivant sur la qualification.....J'entends autour de moi des rĂ©flexions du style :" Au train oĂč ça va , je gagnerais pas plus qu'un salariĂ© au Smic .....A quoi bon , alors ?"........
Le Smic a été un thÚme "fort" de la campagne électorale.....
Je vous fait un copiĂ©-collĂ© pour illustrer.........Juste pour "rĂ©flĂ©chir" , pas se battre , hein ?.......Parce que je me dis que quelque part ,y a vraiment un truc qui "coince" et je cherche........ $đ
Le SMIC est actuellement dâenviron 1254 euros brut, pour 35 heures hebdomadaires, soit aux alentours de 984 euros nets. Le projet de SĂ©golĂšne ROYAL est de le porter Ă 1 500 euros bruts. Au dĂ©part, elle disait « le plus vite possible » ; maintenant, câest lâobjectif « pour la fin de la lĂ©gislature ». Marie Georges Buffet est plus expĂ©ditive et plus audacieuse : câest tout de suite, et câest 1 500 euros nets. Les autres candidats « de droite et du centre » sont plus rĂ©servĂ©s et parlent de maintenir le systĂšme actuel de rĂ©vision annuelle, avec indexation sur les prix, augmentĂ©e de la moitiĂ© de la hausse du pouvoir dâachat du salaire horaire de base ouvrier. Au total, le pouvoir dâachat du SMIC ne cesserait dâaugmenter. Ces mĂȘmes candidats sont assez discrets sur les « coups de pouce » supplĂ©mentaires Ă©ventuels, jusquâĂ prĂ©sent accordĂ©s systĂ©matiquement, y compris par les gouvernements de droite. En 5 ans, le SMIC horaire a augmentĂ© de 24%.
Mais ces chiffres sont-ils rĂ©ellement significatifs pour les entreprises ? Le coĂ»t total du travail dâun smicard comprend, outre le salaire brut, les charges patronales. Celles-ci sâĂ©levaient au dĂ©part Ă 30% environ du salaire brut, mais on a diminuĂ© fortement ces charges, dâenviron 26 points : reste
donc autour de 4 points (la baisse des charges est dĂ©gressive jusquâĂ disparaĂźtre Ă 1,6 fois le SMIC). Mais cette baisse ne concerne pas les cotisations des rĂ©gimes complĂ©mentaires, ni celles de lâassurance chĂŽmage. RĂ©sultat : pour un salariĂ© payĂ© au SMIC, les charges patronales sont encore de lâordre de 19% du salaire brut. Avec un SMIC brut Ă 1 500 euros, cela veut dire un coĂ»t salarial de lâordre de 1 800 euros.
Pourquoi le SMIC crée un chÎmage massif
Que se passe-t-il pour les salariĂ©s dont la productivitĂ© du travail (c'est-Ă -dire la valeur ajoutĂ©e par emploi salariĂ©) est infĂ©rieure Ă ces 1 800 euros ? Lorsque lâentreprise embauche, elle fait nĂ©cessairement la comparaison entre ce que lui coĂ»tera et ce que lui rapportera un emploi supplĂ©mentaire. Or une productivitĂ© de 1 800 euros suppose dĂ©jĂ un bon niveau de qualification, et la plupart des smicards ne le possĂšdent pas. Ces salariĂ©s seront exclus du marchĂ© du travail (ce qui est dĂ©jĂ en grande partie le cas avec un SMIC Ă 1254 euros brut, comme lâa expliquĂ© lâOCDE). Aucune entreprise ne pourra les embaucher Ă ce coĂ»t lĂ . Et plus on augmentera le SMIC, plus cet effet pervers se produira, c'est-Ă -dire plus il y aura de chĂŽmeurs. La hausse du SMIC est source de chĂŽmage. Une forte hausse du SMIC est source dâun chĂŽmage plus Ă©levĂ© encore.
Le prix Nobel dâĂ©conomie Gary BECKER attribue lâimportance du chĂŽmage dans quelques pays europĂ©ens au fait que les bas salaires sont subventionnĂ©s, c'est-Ă -dire payĂ©s au-dessus de la productivitĂ© correspondante, par lâeffet de la rĂ©glementation « sociale ». En effet, les personnes les moins qualifiĂ©es nâont aucun dĂ©sir dâavoir une promotion et dâamĂ©liorer leurs performances si lâĂ©chelle des salaires est Ă©crasĂ©e. La premiĂšre consĂ©quence est que pour un salaire Ă peine supĂ©rieur les employeurs potentiels ont intĂ©rĂȘt Ă embaucher un personnel plus qualifiĂ©, lâĂ©cart entre salaire et productivitĂ© se rĂ©duisant. Dâautre part, dans la concurrence internationale ce sont les travailleurs les moins qualifiĂ©s qui sont les plus menacĂ©s, puisquâils font Ă coĂ»ts Ă©levĂ©s ce que les travailleurs des pays Ă©mergents font Ă trĂšs bon marchĂ©. La seule garantie durable de lâemploi, câest la qualification â pour laquelle le SMIC est dissuasif.
Enfin, la hausse du SMIC perturbe complĂštement le marchĂ© du travail. Sur un marchĂ©, quel quâil soit, une fixation arbitraire des prix provoque un dĂ©sĂ©quilibre quantitatif : câest lâeffet de ce que Jacques RUEFF appelait un « faux prix ». Le prix (ici le salaire) ne joue plus son rĂŽle rĂ©gulateur. Normalement, sur un marchĂ© du travail libre, il nây a quâun chĂŽmage frictionnel provisoire et sectoriel (parce que les travailleurs ne sont pas parfaitement mobiles). La baisse du salaire permet alors de rĂ©sorber le chĂŽmage.
On dira que ces analyses font peu de cas de la dimension humaine et sociale du travail : comment tolĂ©rer des salaires « de misĂšre » ? Si on veut faire de la redistribution intelligente (est-ce possible ?) la solution ne peut passer par une hausse des salaires, puisquâelle condamne des travailleurs au chĂŽmage. Il faut donc trouver, si on le souhaite, des techniques indirectes, qui jouent sur le revenu et non le salaire, comme celle de lâimpĂŽt nĂ©gatif avancĂ© par Milton FRIEDMAN (dont la prime pour lâemploi sâinspire avec plus ou moins de bonheur et de fidĂ©litĂ©, plutĂŽt moins que plus).
Le Smic, une exception française de plus ?
Les Français croient souvent que le SMIC est la rĂšgle gĂ©nĂ©rale. Câest vrai que lâidĂ©e de salaire minimum est assez rĂ©pandue. Mais dans de nombreux pays (comme lâAngleterre ou les Etats-Unis) il est fixĂ© Ă un niveau si bas que les effets pervers sont quasi-inexistants : câest presque comme sâil nâexistait pas. En Europe mĂȘme, le SMIC nâexiste pas dans sept pays de lâUnion, y compris en SuĂšde ou en Allemagne : on considĂšre que le salaire doit varier suivant les branches et on sâen remet Ă la nĂ©gociation sociale. Les salariĂ©s allemands sâen portent-ils plus mal ?
Enfin, augmenter le SMIC et mĂȘme simplement le conserver, cela nous fait penser Ă ceux, dont nous parlons par ailleurs dans ce numĂ©ro, qui veulent harmoniser le SMIC en Europe. Si le SMIC est de 122 euros en Lettonie, de 182 en Pologne, de 450 au Portugal ou de 631 euros en Espagne, câest quâil y a des raisons. Appliquons leur notre SMIC Ă 1 500 euros, et on verra dans ces pays des millions de chĂŽmeurs en un instant. Ce raisonnement est facile Ă comprendre. Et bien il vaut aussi au niveau national. Ce nâest pas la revalorisation du SMIC quâil faut combattre dans cette Ă©lection, câest le principe mĂȘme dâun SMIC appliquĂ© uniformĂ©ment Ă tout un pays.
http://www.libres.org/francais/conjoncture/archives/conjoncture_0307/smic_c1007.htm
Qu'en pensez-vous ?........
Le Smic n'aurait-il pas des effets pervers ? Cette réflexion m'est venue en lisant un échange entre Tashi et Trachytes......Pardon à vous deux........
Le fait d'augmenter rĂ©guliĂšrement le Smic sans augmenter significativement dans les mĂȘmes proportions les autres salaires a un effet dĂ©motivant sur la qualification.....J'entends autour de moi des rĂ©flexions du style :" Au train oĂč ça va , je gagnerais pas plus qu'un salariĂ© au Smic .....A quoi bon , alors ?"........
Le Smic a été un thÚme "fort" de la campagne électorale.....
Je vous fait un copiĂ©-collĂ© pour illustrer.........Juste pour "rĂ©flĂ©chir" , pas se battre , hein ?.......Parce que je me dis que quelque part ,y a vraiment un truc qui "coince" et je cherche........ $đ
Le SMIC est actuellement dâenviron 1254 euros brut, pour 35 heures hebdomadaires, soit aux alentours de 984 euros nets. Le projet de SĂ©golĂšne ROYAL est de le porter Ă 1 500 euros bruts. Au dĂ©part, elle disait « le plus vite possible » ; maintenant, câest lâobjectif « pour la fin de la lĂ©gislature ». Marie Georges Buffet est plus expĂ©ditive et plus audacieuse : câest tout de suite, et câest 1 500 euros nets. Les autres candidats « de droite et du centre » sont plus rĂ©servĂ©s et parlent de maintenir le systĂšme actuel de rĂ©vision annuelle, avec indexation sur les prix, augmentĂ©e de la moitiĂ© de la hausse du pouvoir dâachat du salaire horaire de base ouvrier. Au total, le pouvoir dâachat du SMIC ne cesserait dâaugmenter. Ces mĂȘmes candidats sont assez discrets sur les « coups de pouce » supplĂ©mentaires Ă©ventuels, jusquâĂ prĂ©sent accordĂ©s systĂ©matiquement, y compris par les gouvernements de droite. En 5 ans, le SMIC horaire a augmentĂ© de 24%.
Mais ces chiffres sont-ils rĂ©ellement significatifs pour les entreprises ? Le coĂ»t total du travail dâun smicard comprend, outre le salaire brut, les charges patronales. Celles-ci sâĂ©levaient au dĂ©part Ă 30% environ du salaire brut, mais on a diminuĂ© fortement ces charges, dâenviron 26 points : reste
donc autour de 4 points (la baisse des charges est dĂ©gressive jusquâĂ disparaĂźtre Ă 1,6 fois le SMIC). Mais cette baisse ne concerne pas les cotisations des rĂ©gimes complĂ©mentaires, ni celles de lâassurance chĂŽmage. RĂ©sultat : pour un salariĂ© payĂ© au SMIC, les charges patronales sont encore de lâordre de 19% du salaire brut. Avec un SMIC brut Ă 1 500 euros, cela veut dire un coĂ»t salarial de lâordre de 1 800 euros.
Pourquoi le SMIC crée un chÎmage massif
Que se passe-t-il pour les salariĂ©s dont la productivitĂ© du travail (c'est-Ă -dire la valeur ajoutĂ©e par emploi salariĂ©) est infĂ©rieure Ă ces 1 800 euros ? Lorsque lâentreprise embauche, elle fait nĂ©cessairement la comparaison entre ce que lui coĂ»tera et ce que lui rapportera un emploi supplĂ©mentaire. Or une productivitĂ© de 1 800 euros suppose dĂ©jĂ un bon niveau de qualification, et la plupart des smicards ne le possĂšdent pas. Ces salariĂ©s seront exclus du marchĂ© du travail (ce qui est dĂ©jĂ en grande partie le cas avec un SMIC Ă 1254 euros brut, comme lâa expliquĂ© lâOCDE). Aucune entreprise ne pourra les embaucher Ă ce coĂ»t lĂ . Et plus on augmentera le SMIC, plus cet effet pervers se produira, c'est-Ă -dire plus il y aura de chĂŽmeurs. La hausse du SMIC est source de chĂŽmage. Une forte hausse du SMIC est source dâun chĂŽmage plus Ă©levĂ© encore.
Le prix Nobel dâĂ©conomie Gary BECKER attribue lâimportance du chĂŽmage dans quelques pays europĂ©ens au fait que les bas salaires sont subventionnĂ©s, c'est-Ă -dire payĂ©s au-dessus de la productivitĂ© correspondante, par lâeffet de la rĂ©glementation « sociale ». En effet, les personnes les moins qualifiĂ©es nâont aucun dĂ©sir dâavoir une promotion et dâamĂ©liorer leurs performances si lâĂ©chelle des salaires est Ă©crasĂ©e. La premiĂšre consĂ©quence est que pour un salaire Ă peine supĂ©rieur les employeurs potentiels ont intĂ©rĂȘt Ă embaucher un personnel plus qualifiĂ©, lâĂ©cart entre salaire et productivitĂ© se rĂ©duisant. Dâautre part, dans la concurrence internationale ce sont les travailleurs les moins qualifiĂ©s qui sont les plus menacĂ©s, puisquâils font Ă coĂ»ts Ă©levĂ©s ce que les travailleurs des pays Ă©mergents font Ă trĂšs bon marchĂ©. La seule garantie durable de lâemploi, câest la qualification â pour laquelle le SMIC est dissuasif.
Enfin, la hausse du SMIC perturbe complĂštement le marchĂ© du travail. Sur un marchĂ©, quel quâil soit, une fixation arbitraire des prix provoque un dĂ©sĂ©quilibre quantitatif : câest lâeffet de ce que Jacques RUEFF appelait un « faux prix ». Le prix (ici le salaire) ne joue plus son rĂŽle rĂ©gulateur. Normalement, sur un marchĂ© du travail libre, il nây a quâun chĂŽmage frictionnel provisoire et sectoriel (parce que les travailleurs ne sont pas parfaitement mobiles). La baisse du salaire permet alors de rĂ©sorber le chĂŽmage.
On dira que ces analyses font peu de cas de la dimension humaine et sociale du travail : comment tolĂ©rer des salaires « de misĂšre » ? Si on veut faire de la redistribution intelligente (est-ce possible ?) la solution ne peut passer par une hausse des salaires, puisquâelle condamne des travailleurs au chĂŽmage. Il faut donc trouver, si on le souhaite, des techniques indirectes, qui jouent sur le revenu et non le salaire, comme celle de lâimpĂŽt nĂ©gatif avancĂ© par Milton FRIEDMAN (dont la prime pour lâemploi sâinspire avec plus ou moins de bonheur et de fidĂ©litĂ©, plutĂŽt moins que plus).
Le Smic, une exception française de plus ?
Les Français croient souvent que le SMIC est la rĂšgle gĂ©nĂ©rale. Câest vrai que lâidĂ©e de salaire minimum est assez rĂ©pandue. Mais dans de nombreux pays (comme lâAngleterre ou les Etats-Unis) il est fixĂ© Ă un niveau si bas que les effets pervers sont quasi-inexistants : câest presque comme sâil nâexistait pas. En Europe mĂȘme, le SMIC nâexiste pas dans sept pays de lâUnion, y compris en SuĂšde ou en Allemagne : on considĂšre que le salaire doit varier suivant les branches et on sâen remet Ă la nĂ©gociation sociale. Les salariĂ©s allemands sâen portent-ils plus mal ?
Enfin, augmenter le SMIC et mĂȘme simplement le conserver, cela nous fait penser Ă ceux, dont nous parlons par ailleurs dans ce numĂ©ro, qui veulent harmoniser le SMIC en Europe. Si le SMIC est de 122 euros en Lettonie, de 182 en Pologne, de 450 au Portugal ou de 631 euros en Espagne, câest quâil y a des raisons. Appliquons leur notre SMIC Ă 1 500 euros, et on verra dans ces pays des millions de chĂŽmeurs en un instant. Ce raisonnement est facile Ă comprendre. Et bien il vaut aussi au niveau national. Ce nâest pas la revalorisation du SMIC quâil faut combattre dans cette Ă©lection, câest le principe mĂȘme dâun SMIC appliquĂ© uniformĂ©ment Ă tout un pays.
http://www.libres.org/francais/conjoncture/archives/conjoncture_0307/smic_c1007.htm
Qu'en pensez-vous ?........
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