Miroir, miroir...
Hier j'étais avec un copain, on faisait les courses ensemble. Lui, il est grand, beau gosse, du charme, un petit accent Italien, en général il plaît aux femmes.
Je lui ai raconté quelque chose de vrai, qui l'a surpris et amusé :
Souvent, nous croisons des inconnus et avons une réaction spontanée à leur approche. Il y a leur comportement, la façon qu'ils ont de nous regarder ou pas, de venir vers nous, d'engager la conversation, mille et une choses qui nous font réagir, en temps réel, sans vraiment analyser. Mais il y a aussi leur allure. Je ne parle pas forcément de la façon de s'habiller, mais de la démarche, de la dégaine, du visage, du regard... Confusément mais de façon sûre, nous savons décoder tous ces signes et nous avons souvent une réaction immédiate, qui nous permet de "classer" les personnes, savoir si elles représentent ou pas un danger, si elles sont animés d'intentions et lesquelles, etc.
Et je disais à mon ami que plus d'une fois, j'ai croisé mon reflet dans une glace, vous savez, ces glaces qui servent à essayer les vêtements, ou que sais-je... Des fois, elles nous renvoient notre propre reflet à l'improviste, et du coin de l'oeil, on ne se reconnaît pas de suite, il y a un petit temps, infime, pendant lequel on n'a pas identifié sa propre image.
Et ce qui me frappe à chaque fois, quand je "me" croise, c'est qu'avant de me reconnaître, ma première réaction, épidermique, est de me dire :
- Attention, encore un fatigué. Il a l'air d'un gaga, celui-là.
Hier, mon ami devait m'aider à choisir des fringues. Il était là, connaisseur, à me dire : tiens, ce pantalon, ça fait plus classe, et ça, oui, ça fait un genre chic. Alors je lui ai raconté ce que je ressentais face à mon propre reflet, dans l'instant qui précède l'auto-reconnaissance. Et je crois, moi, que cet instant est révélateur de la façon dont les autres me perçoivent. Si on croise un clochard, ou un ivrogne, tout le monde, quelle que soit la catégorie sociale ou les idées, est capable de l'identifier. En milieu psychiatrique, la plupart des malades ont un air commun, de bête perdues qui trainent, d'âmes errantes, de boules de souffrance à l'état pur. Eh bien moi je me fais mauvaise impression et je crois que si j'ai toujours eu du mal à lier contact avec les autres, ce n'est pas la peine de chercher des théories délirantes, c'est simplement que je "marque mal", comme on dit dans le sud.
Et je le perçois quand je "me" surprends à l'improviste, à la faveur d'un miroir incliné à 45 degrés. Je vois un type qui me parait louche, et comme le miroir n'est pas face à moi, je n'ai pas de suite le réflexe de comprendre que c'est moi. Un type petit, pas spécialement bien foutu ni soigné, avec des petites lunettes et ma réaction première est de me dire, tiens, voilà le satyre du coin qui est de sortie.
Ouais, sauf que c'est moi. Elle est dure, la vie.
On n'a pas choisi son physique. Ni son aspect. Et surtout, ce qui me frappe, c'est cette disjonction incroyable entre ce que je perçois de moi, de mon moi intérieur, et ce que l'enveloppe extérieure me renvoie. Je ne dis pas que je m'imagine avec un physique de jeune premier, non, du reste je ne m'imagine pas, ou très peu. Aucune idée de ce que à quoi je devrais ressembler, sauf que dans tous les cas, pas à ça, pas à ce que me montre ce satané miroir. Je ne me reconnais pas dans ce que cette surface de verre me renvoie, comment est-ce possible que ce bipède assez peu sympathique soit moi ? Quelle injustice...
C'est grave, docteur ?
Ubik.
Je lui ai raconté quelque chose de vrai, qui l'a surpris et amusé :
Souvent, nous croisons des inconnus et avons une réaction spontanée à leur approche. Il y a leur comportement, la façon qu'ils ont de nous regarder ou pas, de venir vers nous, d'engager la conversation, mille et une choses qui nous font réagir, en temps réel, sans vraiment analyser. Mais il y a aussi leur allure. Je ne parle pas forcément de la façon de s'habiller, mais de la démarche, de la dégaine, du visage, du regard... Confusément mais de façon sûre, nous savons décoder tous ces signes et nous avons souvent une réaction immédiate, qui nous permet de "classer" les personnes, savoir si elles représentent ou pas un danger, si elles sont animés d'intentions et lesquelles, etc.
Et je disais à mon ami que plus d'une fois, j'ai croisé mon reflet dans une glace, vous savez, ces glaces qui servent à essayer les vêtements, ou que sais-je... Des fois, elles nous renvoient notre propre reflet à l'improviste, et du coin de l'oeil, on ne se reconnaît pas de suite, il y a un petit temps, infime, pendant lequel on n'a pas identifié sa propre image.
Et ce qui me frappe à chaque fois, quand je "me" croise, c'est qu'avant de me reconnaître, ma première réaction, épidermique, est de me dire :
- Attention, encore un fatigué. Il a l'air d'un gaga, celui-là.
Hier, mon ami devait m'aider à choisir des fringues. Il était là, connaisseur, à me dire : tiens, ce pantalon, ça fait plus classe, et ça, oui, ça fait un genre chic. Alors je lui ai raconté ce que je ressentais face à mon propre reflet, dans l'instant qui précède l'auto-reconnaissance. Et je crois, moi, que cet instant est révélateur de la façon dont les autres me perçoivent. Si on croise un clochard, ou un ivrogne, tout le monde, quelle que soit la catégorie sociale ou les idées, est capable de l'identifier. En milieu psychiatrique, la plupart des malades ont un air commun, de bête perdues qui trainent, d'âmes errantes, de boules de souffrance à l'état pur. Eh bien moi je me fais mauvaise impression et je crois que si j'ai toujours eu du mal à lier contact avec les autres, ce n'est pas la peine de chercher des théories délirantes, c'est simplement que je "marque mal", comme on dit dans le sud.
Et je le perçois quand je "me" surprends à l'improviste, à la faveur d'un miroir incliné à 45 degrés. Je vois un type qui me parait louche, et comme le miroir n'est pas face à moi, je n'ai pas de suite le réflexe de comprendre que c'est moi. Un type petit, pas spécialement bien foutu ni soigné, avec des petites lunettes et ma réaction première est de me dire, tiens, voilà le satyre du coin qui est de sortie.
Ouais, sauf que c'est moi. Elle est dure, la vie.
On n'a pas choisi son physique. Ni son aspect. Et surtout, ce qui me frappe, c'est cette disjonction incroyable entre ce que je perçois de moi, de mon moi intérieur, et ce que l'enveloppe extérieure me renvoie. Je ne dis pas que je m'imagine avec un physique de jeune premier, non, du reste je ne m'imagine pas, ou très peu. Aucune idée de ce que à quoi je devrais ressembler, sauf que dans tous les cas, pas à ça, pas à ce que me montre ce satané miroir. Je ne me reconnais pas dans ce que cette surface de verre me renvoie, comment est-ce possible que ce bipède assez peu sympathique soit moi ? Quelle injustice...
C'est grave, docteur ?
Ubik.
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