Quand est-ce "qu'ils" vont s'y mettre ?
"On" nous avait promis de "moraliser" la finance... $đ
Qu'en est-il aujourd'hui ?
Personne n'en a marre de voir ceux qui jouent et qui trichent et qui par leurs agissements mettent la majorité de la population en difficulté ?
J'aime bien cet article, je vous le fais partager...
La finance c'est le vol
Créé le 18-07-2012 à 21h31 - Mis à jour le 19-07-2012 à 11h46
Par Laurent Joffrin
Directeur du Nouvel Observateur
AprĂšs la Barclays, HSBC est convaincue dâagissement dĂ©lictueux. Et si la dĂ©linquance financiĂšre Ă©tait, non pas une anomalie de la finance mondialisĂ©e, mais une de ses composantes naturelles ?
On s'inquiĂšte souvent de la montĂ©e de la dĂ©linquance dans les citĂ©s. L'une d'entre elles, oĂč le taux de criminalitĂ© croĂźt de maniĂšre alarmante, mĂ©rite une attention particuliĂšre : la CitĂ© de Londres. La justice vient en effet de mettre Ă jour plusieurs de ces actions illĂ©gales qui scandalisent les honnĂȘtes gens et entretiennent un climat dâinsĂ©curitĂ© propice Ă tous les dĂ©rĂšglements sociaux. Il sâagit dâabord des mĂ©faits du gang de la Barclays, dont le caĂŻd redoutĂ©, Bob Diamond, a reconnu avoir encouragĂ© pendant des annĂ©es la manipulation du Libor, le taux du crĂ©dit interbancaire, Ă des fins de racket en bande organisĂ©e, dans le cadre dâune alliance avec plusieurs cartels agissant au niveau mondial (Royal Bank of Scotland, Citigroup, UBSâŠ)
Esprit de lucre
En second lieu, les parrains du clan HSBC, l'une des principales banques de la planĂšte, sont fortement soupçonnĂ©s d'avoir blanchi en toute connaissance de cause lâargent en provenance du trafic de drogue. Mis en cause par les autoritĂ©s amĂ©ricaines, ils encourent dĂ©sormais les foudres des tribunaux. Ces deux derniĂšres affaires font suite Ă une ribambelle de scandales qui jettent une lumiĂšre crue sur les mĆurs en vigueur dans le monde trĂšs fermĂ© de la finance internationale et qui n'a guĂšre Ă envier avec celles qu'on observe au sein du crime organisĂ© dans les quartiers misĂ©rables des grandes villes.
Les dĂ©fenseurs du systĂšme diront quâil s'agit de moutons noirs dont les agissements ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s par la justice et que tout rentrera dans lâordre quand les sanctions prĂ©vues par la loi auront Ă©tĂ© prononcĂ©es. Il y a pourtant une autre maniĂšre d'interprĂ©ter ces phĂ©nomĂšnes, qui ne cessent de se rĂ©pĂ©ter depuis que l'argent circule librement autour de la planĂšte : et si la dĂ©linquance financiĂšre Ă©tait, non pas une anomalie de la finance mondialisĂ©e, mais une de ses composantes intrinsĂšques ? Et si elle nâĂ©tait pas une pathologie du systĂšme, mais le systĂšme lui-mĂȘme ? L'esprit de lucre placĂ© avant toute autre considĂ©ration est en effet la seule morale qui prĂ©side au fonctionnement des marchĂ©s de lâargent.
La richesse engendre le crime
L'aviditĂ© a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e par les thĂ©oriciens du marchĂ© libre, comme par ses praticiens, en maxime universelle, pour employer le vocabulaire d'Emmanuel Kant. Le respect, la rĂ©putation, la renommĂ©e, sont rĂ©servĂ©s au seuls gagnants de la spĂ©culation, quelles que soient les mĂ©thodes qu'il emploie, quels que soient les chemins tortueux par lesquels il est arrivĂ© Ă la fortune. La seule valeur reconnue par ce milieu trĂšs particulier, c'est la valeur en bourse. Les autres valeurs â le courage, la droiture, l'honnĂȘtetĂ©, la rectitude â ne sont que des survivances archaĂŻques du temps oĂč il y avait, Ă cĂŽtĂ© de lâargent, d'autres critĂšres de la rĂ©ussite individuelle. Tout cela, hĂ©ritĂ© dâun temps irrationnel et quelque peu boy-scout, a Ă©tĂ© noyĂ©, comme lâĂ©crivait Marx, "dans les eaux froides du calcul Ă©goĂŻste".
Et si l'argent est la mesure de toute chose, la tentation devient forte dâen accumuler en dehors de toute rĂšgle, de toute morale, de toute loi. En supprimant toute autre rĂ©fĂ©rence que la rĂ©ussite financiĂšre, on mine toute rĂ©sistance au vol, Ă lâescroquerie, Ă la fraude ou Ă la tromperie. Pas vu pas pris : celui qui remplit son compte en banque a toujours raison.
Les sociologues mettent souvent en relation le taux de dĂ©linquance observĂ©e dans tel ou tel secteur de la sociĂ©tĂ© avec le niveau de vie des personnes concernĂ©es. Il est entendu que la pauvretĂ©, pour faire court, encourage l'illĂ©galitĂ©, dans la mesure oĂč les plus pauvres sont plus enclins, pour sortir de leur misĂšre, Ă courir le risque de la dĂ©linquance.
Les chercheurs doivent revoir leurs raisonnements. Dans le cas des marchĂ©s financiers, ce nâest pas la misĂšre qui engendre le crime ; câest la richesse.
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