Quand est-ce "qu'ils" vont s'y mettre ?

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myam
le 21/07/2012

"On" nous avait promis de "moraliser" la finance... $😀

Qu'en est-il aujourd'hui ?
Personne n'en a marre de voir ceux qui jouent et qui trichent et qui par leurs agissements mettent la majorité de la population en difficulté ?

J'aime bien cet article, je vous le fais partager...

La finance c'est le vol

Créé le 18-07-2012 à 21h31 - Mis à jour le 19-07-2012 à 11h46


Par Laurent Joffrin
Directeur du Nouvel Observateur

AprĂšs la Barclays, HSBC est convaincue d’agissement dĂ©lictueux. Et si la dĂ©linquance financiĂšre Ă©tait, non pas une anomalie de la finance mondialisĂ©e, mais une de ses composantes naturelles ?



On s'inquiĂšte souvent de la montĂ©e de la dĂ©linquance dans les citĂ©s. L'une d'entre elles, oĂč le taux de criminalitĂ© croĂźt de maniĂšre alarmante, mĂ©rite une attention particuliĂšre : la CitĂ© de Londres. La justice vient en effet de mettre Ă  jour plusieurs de ces actions illĂ©gales qui scandalisent les honnĂȘtes gens et entretiennent un climat d’insĂ©curitĂ© propice Ă  tous les dĂ©rĂšglements sociaux. Il s’agit d’abord des mĂ©faits du gang de la Barclays, dont le caĂŻd redoutĂ©, Bob Diamond, a reconnu avoir encouragĂ© pendant des annĂ©es la manipulation du Libor, le taux du crĂ©dit interbancaire, Ă  des fins de racket en bande organisĂ©e, dans le cadre d’une alliance avec plusieurs cartels agissant au niveau mondial (Royal Bank of Scotland, Citigroup, UBS
)

Esprit de lucre


En second lieu, les parrains du clan HSBC, l'une des principales banques de la planĂšte, sont fortement soupçonnĂ©s d'avoir blanchi en toute connaissance de cause l’argent en provenance du trafic de drogue. Mis en cause par les autoritĂ©s amĂ©ricaines, ils encourent dĂ©sormais les foudres des tribunaux. Ces deux derniĂšres affaires font suite Ă  une ribambelle de scandales qui jettent une lumiĂšre crue sur les mƓurs en vigueur dans le monde trĂšs fermĂ© de la finance internationale et qui n'a guĂšre Ă  envier avec celles qu'on observe au sein du crime organisĂ© dans les quartiers misĂ©rables des grandes villes.
Les dĂ©fenseurs du systĂšme diront qu’il s'agit de moutons noirs dont les agissements ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s par la justice et que tout rentrera dans l’ordre quand les sanctions prĂ©vues par la loi auront Ă©tĂ© prononcĂ©es. Il y a pourtant une autre maniĂšre d'interprĂ©ter ces phĂ©nomĂšnes, qui ne cessent de se rĂ©pĂ©ter depuis que l'argent circule librement autour de la planĂšte : et si la dĂ©linquance financiĂšre Ă©tait, non pas une anomalie de la finance mondialisĂ©e, mais une de ses composantes intrinsĂšques ? Et si elle n’était pas une pathologie du systĂšme, mais le systĂšme lui-mĂȘme ? L'esprit de lucre placĂ© avant toute autre considĂ©ration est en effet la seule morale qui prĂ©side au fonctionnement des marchĂ©s de l’argent.

La richesse engendre le crime


L'aviditĂ© a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e par les thĂ©oriciens du marchĂ© libre, comme par ses praticiens, en maxime universelle, pour employer le vocabulaire d'Emmanuel Kant. Le respect, la rĂ©putation, la renommĂ©e, sont rĂ©servĂ©s au seuls gagnants de la spĂ©culation, quelles que soient les mĂ©thodes qu'il emploie, quels que soient les chemins tortueux par lesquels il est arrivĂ© Ă  la fortune. La seule valeur reconnue par ce milieu trĂšs particulier, c'est la valeur en bourse. Les autres valeurs – le courage, la droiture, l'honnĂȘtetĂ©, la rectitude – ne sont que des survivances archaĂŻques du temps oĂč il y avait, Ă  cĂŽtĂ© de l’argent, d'autres critĂšres de la rĂ©ussite individuelle. Tout cela, hĂ©ritĂ© d’un temps irrationnel et quelque peu boy-scout, a Ă©tĂ© noyĂ©, comme l’écrivait Marx, "dans les eaux froides du calcul Ă©goĂŻste".
Et si l'argent est la mesure de toute chose, la tentation devient forte d’en accumuler en dehors de toute rĂšgle, de toute morale, de toute loi. En supprimant toute autre rĂ©fĂ©rence que la rĂ©ussite financiĂšre, on mine toute rĂ©sistance au vol, Ă  l’escroquerie, Ă  la fraude ou Ă  la tromperie. Pas vu pas pris : celui qui remplit son compte en banque a toujours raison.

Les sociologues mettent souvent en relation le taux de dĂ©linquance observĂ©e dans tel ou tel secteur de la sociĂ©tĂ© avec le niveau de vie des personnes concernĂ©es. Il est entendu que la pauvretĂ©, pour faire court, encourage l'illĂ©galitĂ©, dans la mesure oĂč les plus pauvres sont plus enclins, pour sortir de leur misĂšre, Ă  courir le risque de la dĂ©linquance.

Les chercheurs doivent revoir leurs raisonnements. Dans le cas des marchĂ©s financiers, ce n’est pas la misĂšre qui engendre le crime ; c’est la richesse.
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