22 ans, pas heureux et lassé de tout

Da
Dante60
le 09/10/2019
Bonjour/soir à toutes et à tous.

Voilà, j’avais envie de me confier et comme c’est compliqué de le faire dans la « vie réelle », je le fais ici… je vais essayer d’être le plus rapide et le moins brouillon possible.
Je suis un garçon de 22 ans et plus rien ne me rend heureux dans ma vie. Je suis lassé de tout, je n’ai plus envie de rien faire, pourtant « tout semble » me réussir aux yeux des autres. En effet, je suis actuellement en dernière année d’études (en M2). J’ai validé ma licence avec une mention, et j’ai validé mon M1 avec une excellente mention, un 18/20 au premier volume de mon mémoire et les félicitations du jury. À tel point que je suis invité à Paris pour parler de mon travail dans une conférence. Cela aurait rendu plus d’un étudiant heureux et fier de lui, mais moi ça ne m’a apporté qu’un vague sentiment de satisfaction pendant 5mn après les résultats et rien de plus. D’ailleurs, ce n’était pas tant une satisfaction quant à mon travail mais surtout celle de me dire « yes, une année de terminée, plus qu’une à supporter ».

C’est sans doute lié à l’espèce de burn-out que je vis depuis environ 2 ans. Outre mes études pour lesquelles je me donne à fond, cela fait cinq ans que je bosse en parallèle des cours. Le rythme entre les cours, les devoirs, le mémoire à rédiger et mon job étudiant qui est plutôt physique est effréné. J’ai peur d’échouer dans les études, de me décevoir, de décevoir ma famille. Et outre la fatigue physique et mentale, je suis lassé. Lassé de voir tous les jours les mêmes « camarades » de promo inintéressants qui ne m’adressent pas la parole, qui n’ont entre eux aucune autre conversation que tout ce qui est lié aux études, comme s’il n’y avait rien autour de ça. Aucun loisir, aucun divertissement, aucune passion. Lassé aussi de voir tous mes amis, restés dans ma région natale (j’ai déménagé à 600km de chez ma famille et mes amis pour mon master) faire des fêtes, voyager, s’amuser, sans moi. D’une part parce que quand j’étais dans la région je refusais toujours les invitations car j’avais du travail et n’était jamais dispo les week-ends ou les fameux jeudi soirs, et d’autre part puisque maintenant je suis loin d’eux. À tel point qu’on a tendance à m’oublier. J’ai peu de nouvelles des autres, mon anniversaire est passé deux fois à la trappe, etc. Ca fait mal, surtout quand on a tendance à toujours donner et penser aux autres, et qu’au final tout le monde s’en tape de nous.

Je passe donc mes jours seul, puisque dans ma nouvelle région, les gens ne semblent pas très favorables à l’accueil de nouveaux venus. Personne ne parle, que ce soit à la fac ou au sport où je me suis inscrit l’année dernière mais que j’ai arrêté depuis car je n’étais plus motivé et dégoûté de toute façon par ces personnes antipathiques. Quant aux voisins ou aux collègues, ça s’arrête aux bonjours/bonsoirs… De longues journées seules à ne vivre que pour le train-train études/job/manger/dormir, voir ma vie filer entre mes doigts tandis que tout le monde profite et s’amuse. J’ai en plus de ça une certaine pression vis-à-vis de ma famille : je ne veux pas décevoir mes parents, qui, bien que m’aimant beaucoup, sont très durs avec moi, me considèrent comme « l’enfant de la dernière chance », mes frères étant tous des « ratés » ne leur ayant apporté que des déceptions et des problèmes judiciaires. On me serre donc la vis comme on dit. Je suis beaucoup trop couvé et je ne peux décider de rien de mon propre chef (sorties, relations amicales, tenue vestimentaire, appartement où j’habite maintenant… c’est eux qui choisissent tout). C’est aussi en partie pour ce schéma familial assez particulier que j’ai décidé de m’éloigner un peu (beaucoup ?) d’eux pour mes dernières années d’études. Enfin bref je ne vais pas m’étaler là-dessus. Tout ce que je sais c’est que pour le moment je suis dans une sorte de « cycle noir » immuable, où chaque journée est la même, rasoire, pleine de solitude et d’idées noires. Heureusement, la région est superbe et je peux aller me perdre des heures dans la nature pour oublier tout ça. Je pense arriver au bout de mes capacités, qu’importe le domaine et je suis à deux doigts de tout plaquer car je n’en peux plus de rien. Je n’en peux plus de ne pas être heureux. Et je le ressens tous les jours. Pour l’exemple, j’adore vraiment Halloween. D’ordinaire à l’approche de cette période je suis tout content de voir les décorations en magasin, de décorer chez moi, etc. Mais cette année ça me laisse complètement indifférent. D’ailleurs, récemment j’ai parlé de tout cela à mon médecin et il m’a dit que je suis en dépression. Les mots sont durs, surtout à mon âge. Je ne lui en ai pas parlé, mais je fais également des crises d’hyperphagie : j’ai pris plus de 10kg en un an, mais je ne me pèse plus, c’est un cauchemar. La nourriture m’apaise mais me tue en même temps. L’année prochaine je suis supposé préparer un grand concours mais je ne veux plus. Je veux prendre une année sabbatique pour voyager, m’ouvrir au monde, me ressourcer, apprendre autrement que par les livres, faire mon introspection et rattraper ces 6 années d’étude (j’avais fait une L1 dans un domaine différent du mien après le bac) où contrairement aux autres – du moins c’est le cas de la plupart de mes amis – je n’ai pas pu profiter de ma jeunesse. Ce serait un bon moyen de me faire du bien sans pour autant passer par les médicaments, le docteur m’a prescrit des sortes d’antidépresseurs, mais je ne veux pas tomber là-dedans.

Voilà voilà la fin de mon récit… Vous devez vous dire qu’il n’y a pas des masses de réponse à apporter, j’en suis conscient. Je lance une sorte de bouteille à la mer pour ceux/celles qui seraient dans mon cas. Ou ceux qui étaient dans ce cas et qui s’en sont sortis. Quels conseils pour gérer au mieux la solitude, surtout quand on a 22 ans et excessivement timide ? Quels conseils pour vivre au mieux d’avoir une famille toxique ? Quels conseils pour s’accrocher dans la dernière ligne droite des études ? Enfin, vous avez compris… Merci aux courageux et courageuses d’avoir lu ce roman.

A bientôt
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